Face à l’inflation galopante, aux préoccupations environnementales croissantes ou encore aux demandes de traçabilité de plus en plus strictes, les directions achats doivent se réinventer pour assurer la résilience, la durabilité et la compétitivité de l'industrie. Et cela passe incontestablement par la transformation digitale.
Alors quels sont les grands chantiers prioritaires des acheteurs pour 2024 ? Comment les aborder ? Et surtout, en quoi le digital est-il un allié incontournable pour répondre à ces enjeux ?
Priorité n°1 : réduire les coûts
La flambée des prix des matières premières agricoles (MPA) a atteint des sommets sans précédents ces dernières années. Selon le rapport annuel de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM), la valeur de la matière première agricole dans le prix de vente au détail a en effet progressé de 17% en 2022. Le prix du blé tendre a même augmenté de 41% sur la même période.
Les prix des MPA semblent enfin repartir à la baisse en 2023, mais ils restent toutefois soumis à une forte volatilité. La hausse des prix de l’énergie, dont l’industrie agroalimentaire est évidemment très consommatrice, se poursuit quant à elle, tout comme l'augmentation des coûts d’emballage.
Quoi qu’il en soit, la réduction des coûts et le maintien de la marge est bien évidemment l’une des priorités majeures des directions achats pour 2024.
Dans ce contexte, la gestion des négociations commerciales avec les fournisseurs est évidemment cruciale, d'autant plus qu’elle s’inscrit dans un cadre réglementaire mouvant. La loi Egalim, impose par exemple depuis le 1er avril 2023 de nouvelles règles pour les négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs.
La réduction des coûts du secteur agroalimentaire passe aussi par la massification des achats et l’optimisation des flux logistiques : ces leviers permettent en effet de réaliser des économies d’échelle significatives.
Comment le digital peut aider à surmonter ce défi :
Les solutions d’e-procurement permettent de simplifier et d’automatiser les processus d’achats, la relation fournisseur, ou encore la facturation, réduisant ainsi les coûts. Mais surtout, elles constituent des outils de pilotage incontournables pour gagner en visibilité et prendre des décisions plus éclairées en matière de gestion de la marge. Elles permettent également de pouvoir comparer plus facilement les offres et acheter ainsi au meilleur prix sans concession sur la qualité.
L'analyse de données joue par ailleurs un rôle clé dans la prévision des tendances des prix, aidant ainsi les directions achats à élaborer des stratégies d'approvisionnement plus agiles et plus rentables.
Priorité n°2 : améliorer la gestion des fournisseurs
La qualité des relations acheteurs-fournisseurs est fondamentale pour garantir la stabilité de la chaîne d'approvisionnement, mais aussi la qualité des produits, l'efficacité opérationnelle et la réduction des coûts. Mais la situation actuelle est plutôt alarmante : selon une étude du cabinet AgileBuyer et du Conseil national des achats (CNA), 93% des directions achats du secteur de la consommation-distribution estiment en effet avoir des relations déséquilibrées ou défavorables avec certains fournisseurs, principalement en raison de l’inflation et des pénuries.
Les directions achats doivent donc miser sur des initiatives pour apprendre à mieux connaître leurs partenaires commerciaux et établir des relations de confiance pour sécuriser leurs approvisionnements.
Elles doivent également améliorer leur sourcing de nouveaux fournisseurs, pour prévenir les pénuries et répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. C’est également une conséquences des deux premières priorités : l’augmentation des coûts et des risques fournisseurs pousse en effet les acheteurs à rechercher de nouveaux fournisseurs qui correspondent davantage à leur politique d’achat et à leur besoin de consolider leur marge. Selon cette même étude, près d’une direction des achats sur deux affirme par exemple sa volonté de relocaliser son sourcing. D’où la nécessité, pour les directions achats, de faire preuve de plus en plus d’agilité pour trouver de nouveaux fournisseurs.
Comment le digital peut aider à surmonter ce défi :
Les outils de gestion des fournisseurs peuvent renforcer significativement la transparence et la communication entre les directions achats et leurs partenaires. Les solutions permettant de comparer facilement les fournisseurs et les produits disponibles (prix, stocks, labels, etc) permettent par ailleurs aux acheteurs de gagner du temps et de réduire leurs risques.
Ces solutions permettent en effet d’automatiser les processus, d’améliorer l’efficacité opérationnelle et d’exploiter des données structurées pour choisir les meilleures offres et fournisseurs, puis faciliter la négociation, les appels d’offres, les commandes, le suivi des conditions commerciales ou encore la facturation, pour que les acheteurs puissent se concentrer sur ce qui compte vraiment : le développement de relations solides avec leurs fournisseurs.
Priorité n°3 : intégrer les enjeux environnementaux
Les consommateurs et les investisseurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux de durabilité et de responsabilité. Et ce, tout particulièrement dans le secteur agroalimentaire. Ils attendent davantage de transparence ainsi que des mesures concrètes de la part des entreprises pour lutter contre le gaspillage alimentaire et réduire l’empreinte carbone. Et ils sont de plus en plus demandeurs de produits locaux et issus de l’agriculture biologique. Cela répond d’ailleurs également à un enjeu business, puisque la réduction du gaspillage alimentaire et de l’empreinte carbone permet une baisse des coûts et donc une hausse de la marge.
D’après PWC, 34% des entreprises françaises intègrent à leur feuille de route le suivi de l'empreinte carbone. Et ce pourcentage augmente considérablement d'année en année, car les entreprises anticipent les futures réglementations et cherchent à réduire leurs coûts.
D’après l’étude Agile Buyer-CNA précédemment mentionnée, près des ¾ des directions achats du secteur agroalimentaire considèrent par exemple le Made in France (ou achats locaux) dans leurs critères d’attribution de business. Pourtant, 69% des entreprises ne suivent pas ce pourcentage d’achats français ou locaux.
Là est tout l’enjeu : si les directions achats semblent prendre la mesure de l’importance des enjeux d’impact positif, les mesures concrètes ne sont pas encore toujours au rendez-vous. Bien souvent, les politiques d’achats responsables ne s’accompagnent pas encore de mesures de contrôle suffisantes.
Le temps presse cependant, car de nouvelles réglementations devraient bientôt s’imposer aux acteurs du secteur agroalimentaire. À partir du 1er janvier 2024, tous les industriels auront par exemple l’obligation de mettre un label environnemental (éco-score) sur leurs produits finis.
Comment le digital peut aider à surmonter ce défi :
Les achats durables passeront indéniablement par la digitalisation. Avec des outils performant d’analyse de la donnée, les entreprises pourront par exemple consolider les flux en provenance de tous leurs fournisseurs à travers le monde, pour améliorer ainsi leur traçabilité et mesurer précisément leurs émissions de CO2.
Les outils d’e-procurement peuvent également aider à réduire le gaspillage alimentaire et en alléger ainsi les conséquences environnementales et business. Ils peuvent en effet aider les acheteurs à commander au plus près de la demande pour optimiser la gestion des stocks et réduire les volumes de stocks réfrigérés, pour réduire la consommation d’énergie.
Ces outils sont par ailleurs des alliés incontournables dans la mise en œuvre de feuilles de route concrètes pour des achats plus responsables. La possibilité de configurer des critères d’achats durables ou l’intégration des labels dans les appels d’offres sont par exemple des solutions concrètes pour aider les acteurs du secteur agroalimentaire à respecter leurs engagements RSE.
Priorité n°4 : renforcer la gestion des risques
Dans un monde post-pandémique, marqué par l’inflation, le conflit en Ukraine et le changement climatique, les risques liés aux achats se multiplient dans le secteur agroalimentaire : les ruptures de chaînes d’approvisionnement et les pénuries sont devenues monnaie courante, tandis que les risques sanitaires, les risques de non-conformité et les risques fournisseurs restent également très présents.
La loi de 2017 sur le devoir de vigilance impose par exemple aux entreprises donneuses d’ordre d’identifier et de prévenir les risques d’atteinte aux droits humains et à l’environnement chez leurs sous-traitants et fournisseurs. Les entreprises doivent donc impérativement mettre en œuvre des audits, contrôles et accompagnements ciblés.
Comment le digital peut aider à surmonter ce défi :
Les technologies numériques permettent de recueillir des données en temps réel tout au long de la chaîne d'approvisionnement, de la production à la distribution, pour donner aux directions achats une vision à 360°. De quoi garantir la compliance des process et améliorer la traçabilité des produits, tout en anticipant les risques potentiels en matière de supply chain.
Le digital est également incontournable en matière de gestion du risque fournisseur : en centralisant et en analysant plus efficacement les données, les directions achats peuvent en effet se créer une cartographie du risque fournisseur extrêmement précise, et mettre en œuvre une stratégie de gestion des risques plus performante.