Comment l’industrie agroalimentaire s’engage pour réduire le gaspillage et les pertes alimentaires.
Premier secteur industriel en termes de chiffre d’affaires et d’emplois en France, l’industrie agroalimentaire transforme les matières premières issues de l’agriculture, de l’élevage ou de la pêche en produits alimentaires.
Une activité vitale pour l’ensemble de la planète, mais qui fait face à de nombreuses problématiques. En ligne de mire : le gaspillage et la perte alimentaire sur lesquels il est urgent d’agir.
D’un point de vue humain, écologique, mais aussi économique, leurs conséquences sont loin d’être anecdotiques. 2,5 milliards de tonnes de produits alimentaires ne sont pas consommés, selon le dernier rapport de Cap Gemini « Reflect. Rethink. Reconsider. Why food waste is everybody's problem ». Et la tendance va en croissant puisque ce chiffre était de 1,6 milliard en 2018 et devrait croître de +40% d’ici 2030.
Lucia Avila Bedregal, Consultante - Agriculture et alimentation pratique mondiale à la Banque mondiale, affirme : « Dans le contexte actuel où la sécurité alimentaire est visée, notamment à cause du COVID-19, des tensions géopolitiques actuelles et de la hausse des prix des denrées alimentaires, les pertes et le gaspillage de nourriture sont le problème le plus critique. Seule la transformation du système alimentaire mondial permettra de s'assurer que le monde ne sera pas plus mal loti à l'avenir ».
Avec près de 811 millions de personnes (sur 7,8 milliards d’habitants) souffrant de malnutrition face à 2,5 milliards de tonnes de produits alimentaires perdus, le constat humain est alarmant. Mais il n’est pas le seul : l’impact environnemental des pertes et du gaspillage alimentaires devient lui aussi critique.
Ramenées à l’échelle d’un pays, les émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’il génère (8 à 10 % des émissions mondiales) le place juste derrière les États-Unis et la Chine. En parallèle, les consommateurs, dont la conscience environnementale est d’autant plus en alerte depuis la pandémie du Covid-19, s’inquiètent. 72% des consommateurs sont davantage conscients de leur niveau de gaspillage contre 33% en 2020*.
Face à ces signaux, l’industrie doit prendre le sujet à bras le corps et proposer des solutions. Décryptage d’une économie en pleine mutation.
Gaspillage versus pertes alimentaires, qui est responsable ?
La sensibilisation au gaspillage et à la perte alimentaire est devenue un vrai enjeu et commence à avoir un effet sur le comportement des consommateurs.
Près de la moitié des consommateurs français (48%) attendent des informations liées à l’impact environnemental et social de leurs achats tandis que 41% souhaitent en savoir plus sur la composition du produit qu’ils achètent. Ils considèrent également que la vente de produits locaux réduirait à la fois le gaspillage et les pertes alimentaires et la plébiscitent.
L’étude réalisée par Capgemini confirme cette tendance mondiale : entre 2020 et 2022, un bond de +80% des consommateurs à la recherche de solutions pour augmenter la durée de vie des produits alimentaires ou encore de +278% qui recherchent des solutions maison pour le compost.
Mais si les consommateurs ont en partie la responsabilité de ce gaspillage, c’est l’industrie qui reste la principale responsable des pertes et du gaspillage alimentaires. Selon une étude de l’ADEME 2020 sur l'état des lieux des masses de gaspillage alimentaire et de sa gestion aux différentes étapes de la chaîne alimentaire, l’industrie représenterait 67% des pertes et du gaspillage alimentaire.
L’urgence d’agir : la grande distribution s’engage.
Le coût financier du gaspillage alimentaire est estimé à 1 000 milliards de dollars* côté industriel. Novatrices, inventives, les organisations devraient pouvoir puiser dans cette montagne de trésorerie négative pour réduire les coûts et améliorer la durabilité. Mais aussi capitaliser sur de nouvelles sources de revenus, des opportunités émergeantes de la redistribution des surplus de nourriture.
Dans ce contexte, plusieurs acteurs de la grande distribution ont pris les devants et s’engagent. C’est notamment le cas de Carrefour qui a pris plusieurs engagements récemment : valoriser l’économie circulaire en utilisant 100 % d’emballages réutilisables ou recyclables, atteindre la neutralité carbone dans ses magasins d’ici 2040 ou encore doubler les approvisionnements de fruits et légumes en circuit court d’ici 2026.
Un autre exemple, l’enseigne Système U qui met en avant les produits locaux (15% du CA en magasin) en travaillant directement avec les producteurs en régions.
Conscients de l’importance des problématiques complexes de l’agroalimentaire, les startups tentent aussi d’apporter leur pierre à l’édifice.
Selon le FoodTech Data Navigator, les startups proposant des solutions pour atténuer ou prévenir le gaspillage alimentaire ont levé plus de 1,4 milliard d’euros de financement en 2021 (+50% par rapport à 2020).
La plateforme Klarys en est le parfait exemple. Créée en 2016, l’entreprise est née du constat que les échanges (devis, commandes…) entre les acteurs du secteur de l’agroalimentaire sur les produits frais n’étaient ni standardisés ni automatisés. Une des difficultés du secteur étant que les référentiels produits ne sont pas standardisés (les attributs produits ne sont pas tous transmis) et ne permettent pas d'extraire et d'analyser les données de manière fiable.
Les plateformes d’e-achats ont un rôle clé à jouer pour lutter contre le gaspillage et les pertes alimentaires.
Face à la diversité des enjeux auxquels il faut répondre, intégrer une solution de gestion 360° des achats est primordial.
Klarys a développé la première plateforme d’e-achats permettant de digitaliser les processus d’achat de produits frais entre une enseigne et ses fournisseurs. L’outil gère tous les produits frais (produits de la mer, fruits et légumes, produits laitiers, etc.). Toutes les données échangées sont automatisées et permettent donc aux acteurs de la filière de gagner considérablement du temps et de réduire leur impact environnemental. Grâce à des tableaux de bord permettant aux acheteurs de mieux piloter leurs achats, d’analyser les ventes par référence mais aussi d’approvisionner les magasins selon la demande, le gaspillage alimentaire peut être réduit.
Klarys veut aussi aider les acteurs de la filière produits frais à promouvoir le circuit court et le bio. La plateforme Klarys permet la mise en place de restrictions des origines, des espèces, etc. tout en tenant compte de la saisonnalité pour garantir aux consommateurs un strict respect des règles de durabilité. En s'appuyant sur les recommandations d’associations reconnues, les acheteurs peuvent ainsi permettre à leurs centrales d’acheter les produits autorisés, réduisant à zéro le risque de produits non conformes.
Résultat : producteurs et distributeurs échangent des informations standardisées en temps réel, et ont accès à des tableaux de bord fiables pour mieux gérer leurs transactions. Le gaspillage et la perte alimentaire peuvent être réduits.
Renaud Enjalbert, co-fondateur et CEO de Klarys affirme : « Chez Klarys, nous sommes convaincus qu’en fluidifiant les relations et les échanges fournisseurs - distributeurs, nous aurons un impact sur les pertes et le gaspillage alimentaire. Les fonctionnalités de la plateforme permettent ainsi une visibilité optimale entre les commandes, les livraisons, les stocks, les ventes … le tout en temps réel. Grâce à cela, nous permettons d’éviter la mauvaise gestion de leur inventaire à chaque étape des processus. Ensuite, l’effet domino est assuré : des achats réfléchis entraînent des commandes réfléchies qui évitent la perte de produits physiques et réduit donc le gaspillage. »
*Source : rapport Cap Gemini « Reflect. Rethink. Reconsider. Why food waste is everybody's problem ».